Le 3 avril 2022 Raid à ski

13 jours en autonomie
Episode 3

Sarek

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Dimanche 3 avril 2022

JOUR 9

La journée d’hier a filé, rythmée par les siestes et les coups de pelle pour éviter que nous nous fassions ensevelir par la neige ! Cette pause nous a fait le plus grand bien, le vent est tombé dans la nuit et le calme est revenu. Nous découvrons ce matin la beauté qui nous entoure.

© Photos : Chloé Martin & Matthieu Appel

Carnet de course

  • Distance totale ± 145 km selon estimation carto

  • Denivelé ascension Gisuris 780 m

  • Dangers éventuels La météo (froid, vent, précipitations), la nivologie, l’isolement, les traversées de lacs et rivières avant l’entrée du parc.

  • Départ raid Ritsem

  • Difficulté Gisuris Montée : PD - Ski : 2 - E2 à valider par mat

  • Matériel 110 Kg voir page matériel Raid à ski

  • Altitude la plus basse 480 m - lac Akkajaure

  • Neige variable selon expo et altitude

  • Compagnons Chloé et Matthieu

  • Altitude la plus haute 1677 m - sommet du Gisuris

  • Météo -

  • Refuges et abris Renvaktarstuga -

  • Dénivelé total 2410 m

  • Vitesse moyenne de déplacement 5,20 km / heure

  • Secours Tel : 112

PAR
Chloé Martin & Matthieu Appel

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Le GPS nous prévoit une belle journée demain. Nous décidons d’aller faire le Gisuris (1677m). Nous n’en sommes pas loin et tant mieux car cela fait quelques heures maintenant que nous avançons au GPS et à la boussole faute de visibilité.

Lundi 4 avril 2022

JOUR 10

« Ah mince, mon thermomètre est cassé Chloé, fait voir le tiens … Ah ben non, c’est pareil »

Il n’y a plus de mercure dans nos thermomètres, tu m’étonnes que j’avais froid ce matin, il fait -30°c ! Chloé prend un coup au moral mais se ressaisi vite, c’est vraiment dur de se mettre en route dans ces conditions. C’est un record de température pour elle et moi, l’air que nous respirons nous fait l’effet d’un gaz, tout est figé. Heureusement il n’y a pas de vent, et le soleil ne devrait pas tarder.
Je sens mon pied gauche s’engourdir de plus en plus, comme un gros bloc de glaçon, le froid remonte presque jusqu’à ma cheville. J’accélère le rythme pour me réchauffer, secoue ma jambe et me donne 10 minutes. Si rien ne s’améliore je fais demi-tour.

Ça y est nous y sommes, premier sommet !

La vue est à couper le souffle et les larmes d’émotions nous viennent, on voit Ritsem notre point de départ. Le froid et le vent ont sculpté la neige tel des coraux. Hop on ne traine pas : les peaux dans le sac, la Splitboard assemblé et voilà nos premiers virages dans la poudre.

La tente est un petit point rouge dans un désert de blanc, elle nous parait si loin. On comprend mieux pourquoi il nous a fallu beaucoup de temps pour atteindre le sommet, il y en a de la projection ! Au soleil, la chaleur de la tente est une bénédiction. Mais elle n’aura duré qu’un moment, le soleil couché les températures replongent sévèrement. Chloé dormira avec 2 paires de chaussettes, son pantalon en duvet, sa doudoune et une bouillotte !

Mardi 5 avril 2022

JOUR 11

Encore un matin ou les paillettes de givre m’ont réveillées. Les petites secousses de la tente fond tomber ces paillettes sur mon visage … dans mon demi sommeil j’ai l’impression qu’il pleut !
Le mercure est revenu dans nos thermomètre : -28°c. Je prépare la Pulka de Chloé ce matin, le froid transperce nos habits et chaque geste est calculé pour ne pas enlever nos gants. Nous décidons de quitter cette vallée entourée de glacier pour chercher des températures plus clémentes dans les forêts proches du mont Akka. Le mont Akka m’a impressionné dès notre arrivée, visible depuis le refuge de Ritsem, il se situe en dehors du Sarek dans le parc national adjacent de Stora Sjöfallet. Lors de notre premier jour de pulka j’avais repéré des pentes accessibles et l’envie me titille d’y poser mes spatules !

Nous croisons un père et son fils à ski en sens inverse, cela faisait 4 jours que nous n’avions vu personne.

S’en suit une portion particulièrement pénible, déversante, gelée et en plein vent.

Ma pulka ne cesse de se retourner. A mon tour de craquer, je la somme d’un bon coup de pied de se tenir tranquille !Enfin la forêt est en vue avec le lac de Ritsem au loin. Revoir des arbres, des lagopèdes, de la vie … cela fait du bien.

Mercredi 6 avril 2022

JOUR 12

Réveil au milieu de la forêt, pour une fois il ne fait pas froid en sortant du duvet. Un coup d’œil au thermomètre : -10°c, quelle chaleur ! Il a neigé plus de 20cm cette nuit et les flocons tombent toujours, cela ne présage rien de bon pour les pentes à skier demain d’autant que la météo annonce la venue d’une grosse perturbation dans deux jours et qu’il y a le lac à traverser. Sans visibilité c’est une galère assurée. Au fond, dans nos têtes, je crois que c’est la fin. Le besoin de chaleur, de repos, d’arrêter de lutter contre les éléments … et d’une douche ! J’abandonne l’idée de skier le Akka, il faudra revenir …

Ne levons le camp vers 13h pour rejoindre nos traces de départ et poser une dernière fois la tente le plus près possible du Lac.

Jeudi 7 avril 2022

JOUR 13

On ne peut apercevoir les pentes du Akka prises dans les nuages, nous avons pris la bonne décision. 2 heures pour tout plier, à présent nous sommes rodés. Les gants sont superflus ce matin, il n’y a pas de doute nous nous sommes acclimatés au froid depuis le début de cette aventure.

C’est parti pour 10 km de plat en suivant des jalons bien rapprochés, pour qui serait pris dans la tempête. On skie sur l’eau, à y réfléchir c’est assez fou !

Au loin on entend des voix. Nous prenons notre temps pour savourer ce moment, seul sur ce lac sans vent … c’est d’ailleurs la première fois que nous mangeons à midi sans avoir froid, incroyable !

Revenant un jour plus tôt, nous croisons les doigts qu’il reste de la place au refuge, on en a marre de la tente. Ouf’, il reste une chambre. Je me pose derrière la fenêtre, face au Akka, un café chaud à la main. Et là c’est l’atterrissage … rude, le corps comprend qu’il a fini de survivre, il se relâche. Le visage de Chloé est gonflé, le mien brûlé par le froid, nos lèvres gercés.

Le lendemain, dans le mini bus qui nous déposera à Gällivare nous réalisons mieux les distances parcourues. Il fait chaud et nous roulons à 60 km/h ; de l’autre côté du lac il y a quelques jours, nous croisions un glouton, nous plantions notre tente et nous tirions nos pulka dans le froid. Au total : 145 km de parcouru, on n’en revient pas. Mais une chose est sûr, on reviendra !

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