FASCINATION

Nuages nacrés, nuages sacrés dans le ciel norvégien

Bien plus rares que les aurores boréales, d’autres phénomènes étranges se produisent au-dessus de nos bonnets. Car par très grands froids, le ciel nous réserve d’autres surprises, les nuages stratosphériques polaires. Impossible de les prévoir, aussi inattendus que psychédéliques ; rien de sert d’attendre, c’est simplement un cadeau du ciel quand tu as la chance de les observer. Les dieux nordiques sont alors de ton côté… tu deviens alors le roi du “Cloud”.

Crédit photos : Scanpix Norway – Trulls Tiller – Brillern – Night Lights Films – Adrien Mauduit

On dit que le célèbre tableau « Le cri » du peintre norvégien Edvard Munch est inspiré par les reflets à couper le souffle des nuages stratosphériques polaires. Ces phénomènes aussi appelés nuages nacrés sont constitués de voiles de minuscules cristaux de glace dans la stratosphère, éclairés par le soleil couchant dans le ciel nocturne sombre. Ces rares nuages colorés apparaissent à des températures de – 78 degrés et ne peuvent donc être admirés qu’à proximité de régions polaires proches de l’Arctique et de l’Antartique.

COMMENT ET OÚ SE PRODUISENT CES NUAGES

Les irisations à la surface de nuages stratosphériques polaires , semblables à des cirrus ou à des altocumulus lenticularis, se développent à une altitude de 15 000 à 30 000 mètres d’altitude, si la température de l’air stratosphérique descend en deçà d’une température seuil de -78 °C pour les nuages stratosphériques polaires de type I ou de -83 °C pour les nuages stratosphériques polaires de type II en Antarctique.

Ces derniers, constitués exclusivement de cristaux de glace, prennent souvent l’aspect de nuages nacrés, présentant des irisations très prononcées similaires à celles de la nacre, particulièrement lorsque le Soleil se trouve à quelques degrés (de 1 à 6 degrés) au-dessous de l’horizon, c’est-à-dire juste après le coucher du Soleil. Les nuages nacrés sont liés à la déplétion de la couche d’ozone au pôle Sud. En effet, des observations permettent de corréler l’augmentation des nuages à la diminution d’ozone dans les hautes couches de l’atmosphère car ils agissent comme des catalyseurs de réactions chimiques hétérogènes en association avec les fluorocarbones. Ils sont donc un témoin visible depuis la terre de la modification du trou dans la couche d’ozone.

En résumé, ces nuages stratosphériques polaires sont observés aux pôles, principalement en Antarctique, où ils apparaissent plus fréquemment qu’en Arctique, en raison de la température extrêmement basse de l’air emprisonné dans le vortex polaire de vents qui s’y forme lorsque débute la nuit polaire, parfois dans les zones de haute latitude d’Alaska, du Canada et du Nord de l’Europe (Norvège, Scandinavie, Islande), beaucoup plus rarement à des latitudes plus basses.

DECRYPTAGE DE LA PLUS CÉLÈBRE ŒUVRE DE NORVÈGE, LE CRI

Trois chercheurs, météorologistes norvégiens, dont les travaux ont été présentés lors d’une conférence scientifique de Vienne, ont rendu leurs conclusions sur l’origine de l’arrière plan du fameux tableau, le Cri d’Edvard Munch et de son ciel traversé par des tourbillons de couleur. Ils ont rejeté une hypothèse précédente selon laquelle le ciel en feu vu et peint par Munch aurait été provoqué par les cendres d’un volcan indonésien, le Krakatoa, mais plutôt par l’apparition de « nuages nacrés ». Le peintre norvégien a raconté qu’il se promenait quand soudain, après le coucher du soleil, le ciel était devenu « rouge sang ». Il évoque « des nuages flamboyants » et reste devant ce spectacle « tremblant de peur ». Contrairement à ce phénomène, les particules du Krakatoa auraient produit un brouillard diffus plutôt que les ondulations du ciel peint par Munch.

« Des conditions inhabituelles sont nécessaires à leur formation surtout dans le sud de la Norvège », a expliqué Helène Muri, de l’Université d’Oslo, à la Conférence de l’Union européenne des géosciences : « Il doit faire très froid, environ -80 à -85 °C, alors que la stratosphère est en moyenne à -60. Il faut une certaine humidité. Se forment alors de très petits cristaux de glace », réfléchissant la lumière du soleil couchant. Les couleurs intenses forment des vagues, visibles un certain temps après le crépuscule, les nuages de la troposphère, plus bas, étant eux visibles avant le crépuscule.

Des psychologues ont suggéré également que c’est un tourment intérieur qui a poussé Munch à peindre Le cri. Mais les chercheurs en sciences naturelles et météo, essayent de trouver des réponses dans la nature.

Ce type de nuages a été décrit pour la première fois dans les années 1870, et le phénomène n’était alors pas connu du public. L’événement reste rare, puisqu’un phénomène analogue, constaté à Oslo le 22 décembre 2014, a encore marqué les esprits, et c’est ce qui a lancé l’idée de cette étude.

À LIRE ÉGALEMENT