CLIMAT

Depuis les années 70, l'Arctique se réchauffe trois fois plus vite que la planète

Quand nous observons, dans les Alpes, la modification du paysage dû au réchauffement depuis ces quelques décennies et le désolement des glaciers qui reculent inexorablement, laissant entrevoir les problématiques majeures qui vont se poser dans notre quotidien et nos pratiques de sports de montagne.
Un réchauffement qui va condamner une grosse partie de nos glaciers à terme, une probabilité que le permafrost en gagnant quelques degrés laissera échapper virus et autres cochonneries, que les équilibres seront bouleversés pour la faune et la flore de montagne, que les épisodes météo extrêmes s’accélèreront. Les changements de pratique des activités modifieront les calendriers et les saisons glissantes perturbant tout l’écosystème touristique, sportif et événementiel.
Un bouleversement sans billet retour.

© Photos. Merci pour leur contribution :
Knudsen/Norsk Folkemuseum – Guttorm Raknes – John Sonntag NASA/Agence France Presse – Polar Bears International/AFP/B.J. Kirschhoffer – Alamy

Et que dire des régions polaires ?

Le Programme de surveillance et d’évaluation de l’Arctique (AMAP) tire la sonnette d’alarme sur le réchauffement climatique dans l’Arctique.
En moins d’un demi-siècle, de 1970 à nos jours, la température moyenne annuelle dans cette région septentrionale a grimpé de 3,1°C quand la planète se réchauffait au même moment de 1°C, selon un article publié récemment. Dans la plupart des scénarios d’émissions de gaz à effet de serre, la grande majorité des modèles laisse entrevoir avant 2050 un Arctique pour la première fois quasiment sans banquise en septembre, le mois où elle est généralement à son plus bas, ajoutent les chercheurs.

Trois exemples de projection dans le futur illustrent ce spectaculaire bouleversement.
La première étant que l’été arctique sans glace marine est dix fois plus grand avec le scénario d’un réchauffement planétaire de 2°C qu’avec un scénario de 1,5°C. La deuxième étant que les températures moyennes de l’Arctique devraient d’ici la fin du siècle grimper entre 3,3°C et 10°C au-delà de leur moyenne sur la période 1985-2015. La troisième étant que le niveau de la mer pourrait monter d’un mètre, voire le double selon les estimations, d’ici à la fin du XXIe siècle.

Parc National de Jostedalsbreen
Briksdalsbreen (Glacier de Briksdal)

La fonte des glaciers en Norvège

Voici le constat de l’étude menée par la Direction norvégienne de l’eau et de l’énergie (Norges vassdrags csc energidirektorat, NVE). 19 glaciers sur 28 ont diminué, 5 n’ont pas bougé et 4 ont augmenté. Le rapport intervient au cours de la même semaine que celui sur l’augmentation des émissions de carbone au Svalbard, qui soulève de nouvelles craintes du réchauffement climatique.

Le glacier qui recule le plus est le Bødalsbreen à Stryn, qui a fondu de 110 mètres d’épaisseur. Le Storsteinsfjellbreen à Narvik a rétréci de 69 mètres, et le Brenndalsbreen, également à Stryn, de 65 mètres en une année. Au cours de ces 10 dernières années, les glaciers norvégiens ont reculé en moyenne de 149 mètres. Le célèbre glacier Jostedal a reculé de 400 à 600 mètres, tandis que d’autres glaciers dans les hautes montagnes de Jotunheimen ont reculé de seulement environ 50 à 100 m.

Le glacier Svartisen est le deuxième plus grand glacier de Norvège, situé non loin du cercle polaire arctique. Sa fonte est spectaculaire et s’accélère depuis le début du siècle.

Le glacier Svartisen au début du siècle

Le glacier Svartisen en 1919

Le glacier Svartisen en 2004

Le glacier Svartisen en été 2021

Une conséquence insolite du réchauffement climatique en Norvège

68 flèches utilisées pour la chasse au renne, et datant de l’âge de pierre (4000 avant JC) à l’époque médiévale, ont été découvertes dans une plaque de glace fondue à 300 km au nord d’Oslo.
Une équipe de chercheurs des universités de Cambridge, d’Oslo et de Bergen qui a mené à bien cette opération, a permis de dénicher également près de 300 restes de bois de renne et d’os, des bâtons datant de l’âge de fer, une chaussure vieille de plus de 3000 ans ainsi que des tissus pouvant avoir servi à emballer de la viande.
Cette plaque de glace, à Langfonne, où ont été découverts ces objets, a reculé de plus de 70% au cours des deux dernières décennies sous l’effet du réchauffement climatique, soulignent les auteurs de l’étude. Les chercheurs expliquent que le mouvement des plaques de glace a certainement conduit à endommager les outils qui y étaient enfermés mais les a parallèlement aidés à remonter à la surface.

« Avec la glace qui recule en raison du changement climatique, les preuves de la chasse ancienne а Langfonne réapparaissent de ces archives gelées« , a commenté Lars Pilø, archéologue au sein du conseil du comté d’Innlandet.

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A cause de la chaleur,
le Groenland perd huit milliards de tonnes de glace par jour

Le Groenland subit actuellement un épisode « massif » de fonte, ont averti des météorologues danois. Selon leurs estimations, la calotte glaciaire aurait perdu plus de huit milliards de tonnes de glace en une seule journée, le 27 juillet dernier. Une fonte qui se poursuit depuis au même rythme.

Article de Geo Magazine du 4 août 2021
Par Emeline Férard

Huit milliards de tonnes dans l’océan en une seule journée
Quelque 45°C aux Etats-Unis et au Canada, 35°C en Russie, plus de 40°C en Grèce… Les vagues de chaleur et les températures inhabituelles continuent de se multiplier en cet été 2021. Et les zones les plus reculées du globe n’échappent pas au phénomène. La semaine passée, le mercure est monté à plusieurs reprises au-delà des 20°C au Groenland. Le 29 juillet dernier, l’aéroport d’Nerlerit Inaat situé au nord du territoire a ainsi enregistré une température de 23,4° Celsius, la plus élevée recensée depuis le début du suivi. Et cette canicule n’est pas sans conséquences pour la calotte glaciaire groenlandaise comme le révèlent des météorologues danois sur le site Polar Portal.

Depuis plus d’une semaine, ces scientifiques observent un épisode « massif » de fonte au Groenland. D’après les données qu’ils ont récoltées, la calotte glaciaire aurait perdu le 27 juillet 2021 une masse de 8,5 milliards de tonnes en une seule journée, C’est deux fois plus que les pertes moyennes habituellement observées au cours de l’été. Il ne s’agit pas d’un évènement isolé. Toujours selon les mêmes données publiées sur Polar Portal, deux jours plus tard, le 29 juillet, la perte a été estimée à 8,4 milliards de tonnes. Soit une masse suffisante pour recouvrir l’Etat de Floride de cinq centimètres d’eau. Depuis, la fonte se poursuit au même rythme.

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La banquise, victime annoncée du réchauffement
Le risque pour que la banquise arctique disparaisse totalement l’été, avant de se reformer en hiver, sont 10 fois plus élevées si la température sur Terre augmente de 2°C plutôt que de 1,5 °C (chiffre donnés le Programme de surveillance et d’évaluation de l’Arctique).