Vegvisir : le tatouage viking comme guide
Mais qu’est ce le Vegvisir ; le nom d’un mage, d’une lessive, d’une commune. Rien de tout cela ! Il faut remonter le temps et celui des Vikings. Vegvisir, connu également sous le nom de Compas de vegvisir, boussole runique ou boussole viking est la composition de Vegur; qui signifie la route ou l’itinéraire et Vísir, qui signifie le guide.
Les conquérants vikings utilisaient cette boussole pendant leurs expéditions en mer mais elle les protégeait dans leurs combats ou sur les chemins inconnus.
Cette protection est la raison pour laquelle de nombreuses personnes se font tatouer ce vegvisir dans le monde entier, quel que soit leur âge et leur sexe. La chanteuse islandaise Björk le porte tatoué sur le bras gauche, comme symbole de guide. C’est pour cela que beaucoup de passionnés ont choisi cet endroit pour le porter. Ce symbole se tatoue généralement dans une seule couleur. Mais certains les placent sur un fond de couleur rouge feu -ou d’une autre teinte- qui fait ressortir les pointes de la boussole représentant les points cardinaux. En Islande, on conserve la coutume de le peindre, particulièrement sur les portes des maisons, pour indiquer que tout va dans la bonne direction.
© Photos : Björk, Alex Dever, Annette Kjaer, Ihuda Ixtlan, Linda Hall, Mark Storman, Luca
LES PREMIERS TATOUAGES VIKINGS
D’après l’histoire, les Vikings étaient couverts de tatouages allant du bout des doigts jusqu’à la nuque. Ils se servaient du cendre de bois pour teindre leur peau. Ces tatouages représentaient d’anciens symboles nordiques, différents motifs de nœuds ou des symboles d’arbres vert sombre. Les arabes par l’intermédiaire de Ahmad Ibn Fadlan dans une mission diplomatique a rencontré les vikings en Bulgarie et est certainement le premier à les décrire. il aurait mentionné que tous les hommes étaient tatoués du bout des doigts au cou. « Je n’ai jamais vu de corps aussi parfaits que les leurs » Mais personne ne peut vraiment confirmer quelles sortes de symboles ou de motifs étaient utilisés pour ces tattoos, mais il est probable qu’ils aient représenté des symboles provenant de la mythologie nordique et d’anciens dessins pareils à ceux qui ont été retrouvés sur les bijoux vikings ou sculptés sur des os, des bateaux ou d’autres artefacts.
MON EXPÉRIENCE
Art ou artisanat ? Je n’avais aucune position tranchée sur le sujet, ni d’admiration et d’envie particulière mais pas non plus de rejet ni de réticence à me faire tatouer. Alors pourquoi me direz-vous, apporter mon témoignage. En regardant ceux de mes garçons, dont l’un l’a été fait par un tatoueur célèbre de Londres, je me suis posé plusieurs questions. Pourquoi, pour quelle occasion, quel serait le motif du premier, quelle place, quelle signification. Et quand on commence à se poser ce type d’interrogations, c’est que le début du processus personnel a débuté. Il faut dire que dès mon premier voyage en Scandinavie, j’ai été intrigué par les pierres runiques, non pas par leurs histoires et leurs significations, mais par mon approche graphique et artistique de celles-ci. Un design viking était donc retenu et le vegvisir représentait à mes yeux, par sa double signification, le meilleur symbole correspondant à ma personnalité, ma propre histoire, mes passions.
L’annulation de mon trip norvégien en avril dernier et la fin du confinement ont accéléré ainsi ma prise de décision et il a vite fallu réserver un créneau chez le tatoueur. Mon choix s’est arrêté pour Gentle Ink Tattoo à Albertville, d’une réputation irréprochable. Pas plus d‘inquiétude mais comme c’était le premier, je redoutais un peu les sensations d’être perforé par ce drôle de pistolet. 2 heures plus tard, le beau travail de Thomas était achevé. Une vraie prouesse d’artiste maîtrisant une technique sûre et précise. Habitué à tatouer des illustrations, des compositions, des créations originales, il n’était pas à son premier coup d’essai en ornements et symboles vikings. Sur fond de musiques choisies, Sigur Ros et Kaleo, quelques moments plus douloureux quand il tatouait plus près des os, mais une petite douleur largement supportable. Vraiment très content que le rendu soit conforme et bien plus. Même une sorte de fierté quand je suis sorti de l’atelier, bien célophané, avec les quelques conseils pour les semaines suivantes; hygiène, protection, interdits,…
Et depuis, comment dire, je n’ai pas eu besoin d‘une protection particulière, ni de boussole… alors je me sens ni plus heureux, ni plus apaisé, mais par ce marquage indélébile, peut être juste content d’être en harmonie avec mes convictions et … mes rêves.
Alors, parce qu’après le premier tatouage, il y a toujours un prochain dit-on. Une future expérience partagée avec ma “moitié”, celui d’un renne sous une aurore boréale…. et pourquoi par une technique plus ancestrale, manuelle, un tatouage avec une aiguille et une corne de renne, réserve d’encre.
VEGVISIR
Laissons parler les spécialistes en culture viking, histoire de décortiquer cette boussole pour nous l’expliquer. Celle-ci est composée de huit douelles de runes vikings qui pourraient représenter les directions cardinales (nord, sud, ouest, est) et intercardinales (nord-ouest, nord-est, sud-ouest, sud-est). Et le pouvoir du Vegvisir se situe dans chacune de ses 8 tiges qui offrent différents types de protection contre de nombreux obstacles et épreuves que la vie place sur votre route.
Comme un cadran solaire, certains pensent qu’un clou placé en plein milieu du Vegvisir indiquerait les directions (par la position de son ombre à certaines heures de la journée) et aiderait les Vikings à naviguer sur les mers. Ce symbole était souvent représenté sur les navires pour assurer le retour des guerriers nordiques en toute sécurité. Le Vegvisir reste un symbole nordique unique et mystérieux d’âge inconnu.
C’est un puissant symbole spirituel ancestral qui a survécu jusqu’à nos jours. Bien qu’il n’y a pas de certitude sur l’origine du Vegvisir et du moment où il a été utilisé pour la première fois, certains historiens croient que le symbole a été utilisé à des fins de navigation par les Vikings. Deux sources mentionnent néanmoins le Vegvisir : le manuscrit de Huld compilé par Geir Vigfusson en 1880 » le porteur de ce symbole ne se perdra pas dans les tempêtes et les intempéries, même s’il ne sait pas où il va » et le Galdrabok, un autre manuscrit qui est essentiellement un grimoire « un manuel de magie ».