Sigur Rós, la comète islandaise
Groupe islandais quasi méconnu du grand public mais excessivement suivi par ses fans, il a fallu attendre de nombreuses années pour qu’il se produise en dehors des pays nordiques, britanniques, nord-américains et asiatiques. Par contre, tout le monde a déjà entendu un air de Sigur Rós sur des fonds musicaux, films publicitaires, musiques de film. La liste est longue. Pour mémoire, voici quelques unes de leurs création :
Films : Vanilla Sky de Cameron Crowe en 2001, Immortel, ad vitam d’Enki Bilal en 2004, Un prophète de Jacques Audiard en 2008, Ondine de Neil Jordan en 2009.
La chanson Sæglópur a été utilisée dans la pub pour la Nissan X-Trail, mettant en avant les paysages d’Islande et dans la bande-annonce du jeu vidéo Prince of Persia. Brennisteinn a été utilisée pour la publicité du parfum Alien de Thierry Mugler. La chanson Dauðalogn a été utilisée dans l’épisode 22 de la saison 3 de la série Vampire Diaries.
Formé en 1994, le groupe est surtout connu pour le style vocal en falsetto de Jón Þór « Jónsi » Birgisson et le baptisent du prénom de la sœur de Jón Þór Birgisson, Sigurrós, tout juste née. Au départ, Jón Þór Birgisson (Jónsi), Georg Hólm (Goggi) et Ágúst Ævar Gunnarsson enregistrent Von (Espoir) et avec un budget limité, leur premier album sort en 1997 en Islande. Le groupe s’agrandit alors en 1999, avec l’arrivée de Kjartan Sveinsson (Kjarri) pour l’album Ágætis byrjun (Un bon début). Ce deuxième album rencontre de très bons échos auprès des critiques et obtient un grand succès auprès du public, particulièrement au Royaume-Uni. La popularité du groupe croît pendant les deux années qui suivent et Thom Yorke, principal compositeur de Radiohead, propose à Sigur Rós de jouer en première partie de leur tournée européenne fin 2000. Cette collaboration et cette amitié avec Radiohead se poursuit toujours à l’heure actuelle.
Musicalement, avec Bjork, ils ont très largement contribué à influencer toute cette vague de musique nordique, un savant mélange de chants folkloriques locaux, de musique classique, lyrique et opéra, dans des sonorités minimalistes et des rythmes électro et rock progressif. Des morceaux toujours construits, savamment menés, dans un style qui leur est propre. Pour illustrer ce dernier propos, le fausset, technique vocale utilisant le registre le plus aigu de la voix de Jónsi et son jeu de guitare à l’archet sont deux des spécificités du groupe.
2016, 7 années après ma découverte personnelle du groupe, c’est par hasard que je tombe sur une annonce où Sigur Ros se produit au festival de Montreux en juillet 2016. Notre premier concert ! Arrivés sur site assez tôt, nous rentrons dans la salle parmi les premiers et sommes debout au deuxième rang. Une première partie assez incroyable, presque expérimentale nous permet d’écouter les morceaux de l’album Atom, joués sur des images très troublantes des deux bombes tombées sur le Japon en 1945 par le groupe Mogwai. Suit une grosse baffe, dans une atmosphère différente, avant gardiste. La mise en scène très électro, très sophistiquée nous place devant un écran perforé posé entre les 3 musiciens et le public, comme s’il fallait franchir un cap pour comprendre leur musique et leur permettre de progressivement se dévoiler. Une question me taraude : comment aurions nous réagi si nous ne connaissions pas leur univers? Interrogation que je me suis reposée un an plus tard à Londres lors d’un second concert 🙂
Entre morceaux issus de leur dernier album Kveitur et de morceaux plus anciens, le son était incroyable et les envolées lyriques de Jonsi envoûtantes. Près de deux heures plus tard, le concert se termine comme depuis 2002 par le morceau Popplagið, qui dure près de 10 minutes. Morceau plus pop et plus rock, composé comme un classique de rock progressif qui se termine en apothéose et crescendo, autant au niveau sonore que scénal. Tout s’accélère à la fin et les 3 acteurs de ce final sorte de scène exténués. Deuxième grosse baffe !
Un an plus tard, nous traversons le Channel pour les voir à Londres. Là, ambiance différente, car nous sommes assis comme au théâtre. Effectivement, nous sommes dans Hammersmith Apollo, salle ouverte en 1932, une des plus célèbres salles de concerts au monde. Toujours une première partie très spéciale, mais cette fois très lente, trop lente pour Isabelle mon épouse qui s’ennuie presque. Je me régale ! Parfois, ils nous arrive de nous lever. Si la Reine Mère nous voyait ! Ensuite les morceaux s’enchaînent et la scénographie a encore évolué. Très digitale, très léchée, à la fois originale et graphique, des perspectives en mouvement par des néons, différents écrans sur scène qui filtrent et qui diffusent les animations visuelles. Un must en la manière et sans prétention, je pense m’y connaitre ! Et comme par une habitude chaque fois différente, le groupe quitte la scène sur Popplagið. Incroyable !
En octobre 2018, Orri Páll Dýrason annonce son départ du groupe, à la suite d’accusations de viol. Jonsi continue sa carrière avec son compagnon Alex Somers qui avait travaillé à la conception de nombreuses pochettes de disques de Sigur Rós dont la pochette de l’album Takk… qui a reçu le « Meilleur design d’album » en 2006 aux « Icelandic Music Awards ». Sigur Rós avait fait appel à Alex Somers déjà pour finaliser l’album Valtari. Il entre alors dans la réalisation directe du son de Sigur Rós, et intègre son style très particulier à la limite de l’expérimental.
Derniers membres du groupe :
Jón Þór Birgisson (Jónsi) : chant, guitare électrique
Georg Hólm (Goggi) : guitare basse
Ólafur Björn Ólafsson : claviers (uniquement lors des tournées depuis 2012)
Orri Páll Dýrason : batterie