Rasmustinden

Rasmustortinden est l’un des 85 sommets de Norvège d’au moins 1000 mètres. C’est un sommet très populaire en terme de fréquentation entre Tromsø et le Balsfjord. Lorsque les conditions de sécurité sont bonnes, c’est un endroit où il est fortement recommandé de s’y rendre en ski de randonnée. Par contre, par fort vent, les itinéraires peuvent se compliquer et modifier le manteau neigeux. La vue est imprenable et superbe sur les sommets qui découpent le ciel et sur les presqu’iles alentours.

© Photos et illustration : V. Thiebaut – C. Dussoliet Gond

Tu vois la pente toi ?… là ?… Non là ! …

Bon, fallait que ce soit dit, après l’anthologique journée de hier sur Holmbukktinden, c’est plutôt le côté obscur de la Norvège que nous allons découvrir aujourd’hui. Les Trolls et les Elfes ne se sont pas mis d’accord cette nuit. Flotte toute la nuit au Lodge. Nous nous sommes levés sans s’affoler, pris un petit déjeuner copieux et réconfortant. Plus de pluie mais une couverture nuageuse épaisse, c’est jour blanc avec une neige mouillée très, très haut. « Ne pas gâcher », c’est le deal, en route vers Rasmustinden. Après 15 mn en voiture, nous voilà au départ à Skulva. Avec les encouragements d’une mamie qui nous motive derrière sa vitre, surement madame “Rasmus”, nous montons à travers les champs et bois dans ce qui s’apparente plus à de la molasse blanche, tellement ça a pris la flotte.

Un peu de navigation pour pouvoir franchir le ruisseau qui est sur la gauche. On a un peu merdé au départ… Pardonnez-nous ! Sur un pont de neige plus ou moins fragile, le premier qui passe à travers à gagner … ou a tout perdu ! M’en fout, j’suis le plus léger ! Celle-là elle est méchante !!! et je ne vise personne du groupe. Se poursuit une montée sur des traces plus ou moins récentes et plus ou moins praticables pour sortir du bois dans une combe espacée et vallonnée. On a choisi la sécurité aujourd’hui, étant donné que le manteau neigeux, j’ai encore un doute sur le terme “neigeux” aujourd’hui, ne nous joue des tours. Traçage ensuite dans de la pseudo neige trempée, collante, gluante et tous les termes possibles que vous trouverez sur wikipedia…. On remonte vers la droite du vallon, arrivés sur un petit plateau où se trouve un lac, que nous traversons ou nageons, je vous laisse le choix, pour aller chercher une des pentes sommitales en Nord, un peu plus pentue (35°) et avec un léger mieux pour la neige ( j’ai dis léger …)

Le couloir principal était plus à gauche avant la traversée, mais vu la visibilité et la neige, on a continué sur cette pente permettant des échappatoires au cas où. La neige devient alors plus ou moins dure et gelée, certainement travaillée par le vent les jours précédents, mais nous permet d’arriver 50 m sous le sommet, dans les rochers. Une pente semble traverser pour rejoindre la sortie du premier couloir, mais je n’ai pas du tout de visu du relief. C’est blanc, je ne distingue ni la pente et ni sa raideur. Je prends la décision du stop ici, on aura sauvé cette dernière journée de toute façon. S’ensuit une descente, pas pire en haut et digne des 12000 travaux d’Hercule ensuite … 12000, c’est bien ça ?
Retour par les bois et champs, du bon côté du ruisseau cette fois.

Reste à rentrer avec la voiture en évitant de laisser un essieu, le parechoc, ou je sais pas quoi dans les trous ou dénivellation subite de la route. Vous voyez le Roller Coaster ?, pareil sans couleur, gris bitume.

Epilogue, postface (plutôt peuffface), remerciements,
ou je sais pas quoi d’autres … de ce trip au pays magique.

La belle équipe, car sans elle rien n’est possible, avec Jean-Rémi (JR), Philippe (Kiwi), Pierre, Pascal, Vincent (Vince) et moi-même Christophe (Ptio) a composé avec la volonté des esprits Norvégiens en traçant les plus belles lignes repérées, imaginées ou improvisées dans ces superbes pentes avec toute la vigilance qui va de soit. Rien n’est jamais acquis en montagne, savoir s’arrêter fait partie de ce deal que l’on passe avec elle et surtout avec le groupe. C’est pour moi un immense plaisir de faire la trace pour les copains sachant que j’ai leur confiance mais aussi beaucoup de responsabilités vis à vis d’eux, mais j’aaaaaaiiiiiime cette trace. Le passage “ morale sécu” étant fini, je passe à l’euphorie, le jouissif, la trace seule dans ses immensités , bon diou, on en veut encore … on vit peufff, on pense peuffff, on dort peuffff, par contre et j’y tiens on mange des féculents, je ne cède pas !
Ce fut un festival avec ses aléas météo qu’il a fallu gérer, c’est la Norvège et c’est très bien, mais on a su s’adapter, comme d’habitude, et jouer notre meilleur ski sur des belles partitions que Mozart nous aurait envié (il avait des skis ?)
Je vais pas faire 50 pages, y’ aurait pourtant matière (poudre évidemment) donc merci à l’équipe pour être vous, et nous tous ensemble pour ces moments gravés à jamais et vive 2025.