Le 13 avril 2023 Randonnée à ski
Péninsule du troll

Karlsarfjäll, Jökulkollur &...

988 m - 1045 m

Karlafjäll est un sommet facile, d’une belle altitude pour le coin, avec une approche réduite et situé à seulement 4 kilomètres de Dalvik. Du haut, l’on domine le fjord Hedindfjordur et la mer, alors forcément cette destination est devenue une grande classique de la région. Il existe de multitude de variantes, de traversée de vallons, des sommets voisins et une descente face sud dans une pente plus pentue. Sur la route de Siglufjordur à Akureyri, lors de notre transfert nous repérons bien le parking face au Lodge de Karla, occupé par des amateurs de grand ski … mais héliportés !

© Photos & illustration : V. Thiebaut – C. Dussoliet

Carnet de course
  • OrientationSud Est

  • MétéoCouvert puis beau avec rafales de vent

  • Difficulté ascensionPD+

  • NeigeNeige froide puis de de printemps

  • Difficulté descente S3 - E2 - quelques passages à 30°

  • DangersCorniches au sommet

  • Dénivelé total2530 m

  • CompagnonsChristophe, JR, Pierre Laurence & Philippe

  • Distance AR24 km

  • Matériel Spécifiquecrampons

  • Départ courseKarlsa Lodge, bord de route 82 après Dalvik

  • Timing total6h

  • Altitude départ40 m

  • Refuge-

  • Altitude sommet le plus haut1075 m

  • Secours112

Par Vincent Thiébaut

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Hier, c’était une journée maussade avec une visibilité mauvaise en montagne. Nous décidons alors d’en profiter pour une journée off, tourisme et bien-être. Au programme les fameuses chutes de Godafoss, le tour du Lac Myvatn, les champs de lave de Dimmuborgir, les fumerolles et les bains Mývatn Nature Baths…. dans la neige, les sources d’eau chaudes et la bonne humeur ! Une journée réconfortante et dépaysante, le mauvais temps ajoute une dose de magie et de mystère dans ce type d’expérience.

Alors aujourd’hui, jeudi la météo n’est pas complètement stable, largement meilleure qu’ hier et sûrement moins pire que demain. Nous décidons de nous rendre dans le massif au Nord de Dalvik car les possibilités sont infinies et le chaussage des skis en bord de route, contrairement à mardi où pour atteindre les premiers névés sous kista, il nous a fallu ¾ h de marche d’approche.

Vers 9h, nous nous garons pour une longue journée face au lodge, motivés comme jamais. Plusieurs véhicules sont déjà en place et nous ne voulons pas perdre une seconde de plus et nous engager vers le premier sommet, la classique de ce massif.

66.021161, -18.558574
KARLSARFJÄLL 988 m

Nous longeons le ruisseau sur la droite puis nous surplombons un petit canyon. Nous rattrapons un groupe de français. Ils sont nombreux, de tout âge et nous conversons avec eux. Une grande famille venue du Chablais et de Châtel en particulier. Comble du hasard, je connaissais une des personnes qui aujourd’hui sont venus revisiter le vallon à leur rythme, contrairement à hier. Il y avait un enfant à ski et un autre sur le dos de son père. Belle surprise, nous parlons de connaissances communes et de la saison d’hiver passée dans cette station française. Mais à bavarder, j’en oublie presque mon groupe parti devant moi et qui maintenant possède quelques centaines de mètres d’avance. Alors je fais mes salutations à mes nouveaux amis et m’empresse d’élever le rythme de ma montée. Devant ils ne chôment pas… Et Ptio trace dans le vallon du Karsla dalur, décide de prendre la combe de droite pour atteindre directement le sommet. C’est la Face Sud, l’itinéraire préconisé de descente.Un vallon en V plus raide, les conditions sont bonnes, sans danger et un revêtement accrochant. Nous remontons donc le vallon; Philippe ralentit sa cadence et tire Laurence à l’élastique. Cela leur permettra de gérer leurs forces en commun pour nous accompagner sur d’autres sommets. Ptio continue sur sa lancée et s’éloigne de l’axe de la combe pour récupérer l’arête par la pente de gauche. Mais celle-ci est nettement plus raide. Aucun problème pour lui, mais nous continuons pour l’instant de grimper là où la pente est moins importante. Tout ça maintenant, à la limite des couteaux. Une fois sur la crête, nous prenons le vent fort de plein fouet. Nous étions bien protégés dans le vallon.

Nous atteignons le sommet mais nous ne nous attardons pas. A près de 1000 m, la vue est incroyable entre deux passages de nuages. Le vent est glacial et nous nous dépêchons de descendre par la voie normale pour éviter les rafales. Côté Ouest, c’est nettement plus facile, et la neige est bonne à skier ! Nous nous arrêtons sur un premier replat pour décider de la suite des opérations. Sur la carte, à droite, nous voyons que nous pouvons accéder au sommet le plus haut du coin.

66.023342, -18.607234
JÖKULKOLLUR 1045 m

Et nous voilà repartis pour une deuxième montée dans le vallon Sud-Est. Une belle pente soutenue et régulière comme on les aime, car l’on dénivele rapidement. L’accroche est excellente et comme sur le premier sommet, nous devons atteindre d’abord une arête. Ce n’est pas à vrai dire, une corniche mais une arête bien travaillée et sculptée par le vent. Effectivement, nous devons la franchir pour continuer notre grimpette. Et maintenant, nous continuons sur cette arête l’un après l’autre, contre un fort vent. L’ambiance y est grandiose et très esthétique. Les rafales à l’horizontale balayent le fil de l’arête, dans un blanc omni présent, seules nos silhouettes colorées se déplaçant, animent le tableau. Enfin le sommet ! Nous tenons à peine debout. Il va falloir faire les manips sans rien laisser échapper. Il serait dommage que le vent emporte une peau de phoque. Pas le temps de bavarder ! Il y a un piquet rouge d’héliski mais bien trop tourmenté pour une dépose.

Nous descendons droit sous le sommet en laissant l’arête à notre droite. La neige est excellente, poudreuse et protégée. A l’abri des grosses rafales, nous pouvons enchaîner nos virages. Trois belles sections de ski, la neige dans la dernière est plus lourde mais encore agréable à skier. Nous sommes en bas de la combe Sud Est. Il fait presque chaud, le printemps quoi…Alors que 10 minutes avant, nous étions en plein hiver sous le blizzard. Nous nous arrêtons quelques minutes, profitant d’une vue sur le vallon, son ruisseau qui serpente jusqu’au fjord. Il nous reste quelques forces pour un troisième sommet dans une nouvelle combe.

66.014751, -18.621610
LITLIHNJUKUR 960 m

Ce troisième vallon est le plus encaissé, à gauche les parois rocheuses du Hrafnajargahnjukur et à droite une croupe plus raide. C’est par cette dernière que Philippe et Laurence ont décidé de gravir ensemble alors que nous quatre préfèrent remonter dans l’axe ce vallon. La montée est agréable, la trace du Ptio facile et régulière. Elle n’est jamais casse-pattes ! Ce qui en fin de périple, pourrait nous achever alors que nous avons encore plus de 600 m à grimper pour ce troisième objectif. La neige est carrément poudreuse et les conditions restent très bonnes. Tout cela a pour effet de nous stimuler davantage. Alors, nous atteignons ce sommet, non indiqué ou sans nom sur certaines cartes. Mais pas de Philippe et Laurence. Ils se sont arrêtés un peu plus bas, sur le versant Est. Le vent est quasi tombé et le beau temps a chassé les nuages. La vue sur ce panorama est maintenant possible. Nous ne sommes pas déçus. Peut-être la récompense de notre acharnement à vouloir continuer encore et encore !

La descente est dingue dans cette neige poudreuse car protégée dans ce vallon à l’abri du vent et du soleil. Nous avons franchi les 2000 m de dénivelé positif aujourd’hui. Regroupés tous les 4, nous voyons Philippe et Laurence un peu plus bas qui ont décidé d’en terminer pour aujourd’hui et de rejoindre le parking et leur Duster. Le Ptio nous propose un acte IV … remonter ce même vallon et se diriger vers le sommet de gauche. Alors pourquoi pas ? L’appétit vient bien en mangeant…Pour JR et moi, une occasion unique, et une première d’avoir à notre actif, plus de 2500 m d’affilée.

66.007171, -18.627484
HRAFNAJARGAHNJUKUR 956 m

C’est reparti dans la même combe mais au lieu de partir sur la droite, il nous faut nous diriger vers la gauche dans une pente un soupçon plus pentue. Vers un replat, un final sur un profil beaucoup plus plat, en contournant quelques rochers. D’ailleurs contrairement aux trois autres sommets, celui-ci est surmonté de blocs de pierres. Nous sommes incroyablement heureux d’avoir réussi notre challenge, en bien meilleur état que nous le pensions. Il est exclu d’essayer d’atteindre les 3000 m, idée qui a parcouru l’ombre d’un instant les cerveaux du Ptio et de Pierre, habitués à de tels bavantes. Nous discutons plutôt de notre ultime descente. Ptio envisage, une variante au Sud dans un vallon inconnu et nous autres optons pour la sécurité, sur nos traces de montée. Mais Ptio insiste et c’est Jr qui l’accompagne, hors de question de le laisser partir seul. Nous ne voulons pas risquer d’être bloqués et de devoir remonter en crampons. Alors en deux duos, nous nous engageons, de part et d’autre de cette pyramide,… au nom imprononçable qui va valoir plus de 120 points au scrabble. Pierre et moi sommes comblés par ce dernier run et arrivons au point de rencontre avant nos deux compères. Partis plus au sud vers un col et une pente raide, ils ont dû ensuite descendre Holsdalur et Karlsardalur en pédalant dans la neige devenue plus humide avec un soleil d’après-midi. Les voilà enfin, une belle découverte dans leur besace !
Il ne nous reste qu’à finir le travail en longeant le ruisseau puis le canyon et retrouver notre Duster. A quatre avec notre matériel, nous sommes comme dans une boîte de harengs islandais.

Avant de retrouver le lodge, il est vital de nous recharger en sels minéraux. Et à Dalvik, il existe un endroit dédié, Kaffihus Bakkabraedra. Un endroit charmant, hors du temps, pittoresque et à l’image que l’on se fait de l’Islande et des islandais.
Nous sommes, à juste titre, persuadés que ce moment chargé de bonheur restera dans nos souvenirs. Un point de rencontre des guides locaux, mais également des habitants venant chercher un moment de partage et d‘animation.
Il est 4 heures quand nous mettons les pieds sous la table ! Féculents au menu! Nous aurions pu nous en passer mais le Ptio, non, il est dans un état de détresse totale. Plus de peur que de mal, 2 assiettes de pâtes plus tard; il est sorti d’affaire !

CARTOGRAPHIE

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