La Norvège, pays du design et de l’architecture.
Un garage pas comme les autres

L’architecture norvégienne n’a jamais connu une telle effervescence ! Que ce soit dans les villes, en pleine nature ou même plongé au fond de l’océan, les projets se créent et se construisent sans compromis. L’Opéra d’Oslo, imaginé en 2008 par le cabinet Snøheta, en est un des fleurons les plus connus. Les constructions originales et les projets d’urbanisme novateurs fleurissent partout dans le pays, reflétant souvent les contrastes forts nés d’inspiration venues de la nature et trouvant leur réalisation dans la nature.

© Photos : V. Thiebaut

Au détour d’un virage, sur la route entre Olderdalen et Djupvik, face aux parois de Lyngen Nord, nous avons découvert un garage, qui nous a immédiatement envoûtés. Formes simples, matériaux basiques, techniques de fabrication astucieuses, le tout peut paraître comme une construction banale, incongrue, pauvre, déplacée dans un paysage si remarquable… mais pas du tout ! C’est une réalisation remarquable à tous points de vue.

Ma première idée était de rédiger un article complètement décalé, soit humoristique, ou carrément poétique… Mais je ne me suis pas reconnu dans ces premiers essais… « O temps ! suspends ton vol, l’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive ; juste un garage et nous passons !  » Trop pompeux …

Alors autant décrire le charme qui s’en dégage par une description respectueuse, et pourquoi pas décrypter quelques notions d’architecture est un exercice intéressant. Matériaux bruts, poutres pilotis et plancher en bois, vieilles tôles, parfois rouillées, fil de fer, quelques pièces rapportées. Le volume et les lignes sont pures, le choix d’un minimalisme assumé, une intégration parfaitement maîtrisée. Une interrogation me vient : est ce le hasard qui fait bien les choses, une esthétique innée ou le fruit de réflexions poussées de son constructeur. Les lignes sont toutes en équilibre comme la pente du toit qui reprend la pente du terrain, un tronc positionné en travers et les câbles qui viennent casser le jeu de ces parallèles. Des angles apportent un dynamisme à cette composition. Et que dire des côtés ! Sur la vue de profil et en façade, les proportions jouent avec la règle du nombre d’or. A peu de chose près, ces proportions sont respectées. Quant à l’accès et la porte située en façade, qui n’est pas volontairement centrée, là aussi, elles sont quasi parfaites. Même le N° est positionné avec une volonté de rompre avec les habitudes et participe à l’harmonie de la façade .Voir l’animation ci-dessous.

A noter aussi le contraste entre les angles aigus, la rondeur des tôles et la position de cette construction presque en apesanteur, adossée à un muret de pierre qui stabilise l’accès. Une version lacustre, voire maritime comme un bateau au port, ou aérienne, comme un avion contre son quai d’embarquement. Les techniques utilisées pour le montage, la fixation des tôles et même la mise en tension des câbles sont également remarquables.

On comprend mieux cette passion pour une architecture simple, harmonieuse, un bâti dans son cadre naturel qui magnifie les éléments qui l’entourent. Ce garage est-il l’œuvre cachée d’un architecte, d’un vrai passionné ou simplement un exemple de réalisation réussie par un bâtisseur surdoué ?

Pour ma part, je suis tombé sous le charme !
Quelle incroyable découverte, quelle belle rencontre…avec un garage, qui dégage une âme !

D'autres articles sur l'architecture