Le 20 avril 2022 Randonnée à ski
Nordreisa

Sorbmegaisa

1288 m

Voici une grande classique du ski dans la région face aux Alpes du Lyngen, avec des vues incroyables. La voie normale n’est pas très difficile mais attention aux pièges que ce sommet peut cacher : les nombreux vallons, et leurs plaques à vent, les quelques barres qu’il faut éviter surtout par mauvais temps, une arrivée sur un plateau vaste où il est difficile de situer le sommet et la limite de la corniche.

A la  descente, il est indispensable de bien repérer son itinéraire et ses variantes. L’appel des pentes Sud Ouest est fort mais la prudence est de rigueur. Il y a quelques années, cinq personnes sont décédées, quatre Suisses et un Français, une “expédition franco-suisse” emportée par une grosse avalanche. Les images diffusées sur le web font froid dans le dos.

© Photos et illustration : V. Thiebaut

Carnet de course
  • OrientationOuest

  • MétéoTempête de ciel bleu

  • Difficulté ascensionPD - E2

  • NeigePrintemps

  • Difficulté descenteSud : S3 - 30/35°

  • DangersCorniches

  • Dénivelé total1280 m

  • Compagnons2 Christophes & Pierre

  • Distance11 km

  • Matériel Spécifique-

  • Départ courseDjupvik - Bergenes (magasin d'alimentation)

  • Timing total3 h 00

  • Altitude départ15 m

  • Refuge-

  • Altitude sommet1288 m

  • Secours+ 75 55 90 00 ou 112

Par Vincent Thiébaut

Contactez-moi

Il est 17 heures et nous embarquons à 4 pour une nouvelle expérience de fin de journée, vers Sormegaisa et Hammarsvikfjellet, notre objectif du soir. Ce matin, nous avons repéré cette belle croupe au soleil depuis Storhaugen. Nous nous garons près de l’épicerie au bord de la route à Djuvik. Le parking est privé mais un peu plus loin, des places sont souvent disponibles.

Nous commençons la montée par la traversée de propriétés privées. Nous sortons d’un jardin bien enneigé pour chausser les skis, Tof a laissé ses peaux au gîte! Heureusement, j’ai laissé les miennes dans le coffre, car ce soir j’utilise les mulets, des Trabs allumettes de Ptio avec des peaux étroites. Mes skis sont en réparation, ma fixation avant ayant toujours du jeu, les 4 vis tournant dans le vide.

Avec cette neige lourde, cela n’augure pas de bonnes choses si je m’obstine à les prendre. Le temps que Tof fasse l’aller retour à la voiture, la propriétaire sortie de son chalet, a un besoin vital de papoter. Et pendant une bonne dizaine de minutes, nous échangeons des banalités mais aussi sur ses craintes d’un réchauffement climatique, qu’elle me dit remarquer d’année en année. Habitant sur Oslo en hiver, elle vit là au printemps et en été. Son baromètre :elle sort de plus en plus tôt,  son salon de jardin sur sa terrasse.

Enfin, nous voilà partis à la poursuite de Ptio et Pierre, qui ont décollés dix bonnes minutes avant nous. Nous montons sur une piste bien damée à travers les bois, Ptio qui a bien récupéré de ce matin, prend l’initiative de tracer dans une neige bien humide, suivant ses propres critères d’une trace facile, pas trop raide, efficace afin de ne pas partir ventre à terre. Nous enchaînons les quelques pentes de vallons qui se succèdent à droite de l’arête, plein ouest. Je rattrape Pierre, à l’arrêt. Comme certains de l’équipe, il ne s’était pas donné comme objectif la “cote 900 m”. Ptio malade ce matin, est parti devant, visiblement remis sur pied grâce à son remède miracle. Tof est derrière avec des problèmes de peaux qui se décollent. Nous ne sommes que 4 mais nous occupons toute la montagne !

Les lumières chaudes nous accompagnent dès la moitié de la montée. Pierre en pleine action

Pierre en a assez pour aujourd’hui !   Je décide de continuer un bout et de m’arrêter quand Ptio sera sur le chemin du retour. Plus je monte, plus j’arrive à retrouver une bonne cadence en rythme, alors qui sait peut être le sommet quelques 300 m au-dessus?  Les vues au soleil couchant sur Lyngenfjord et les sommets alentours Storhaugen, Staluvarri sont d’une beauté rare. Je remarque alors que j’ai dépassé l’altitude du Storhaugen. Je m’approche du sommet doucement. Ptio arrive enfin et me dit que je suis seulement à 5 minutes de l’épaule finale, qu’il descend se réchauffer. “ Au sommet, il y a un peu d’air”. Effectivement, le vent s’est levé et, au sommet, il balaye la neige pour en faire des meringues géantes. On se croirait sur une immense omelette norvégienne avant d’y faire flamber un breuvage local.

Vue du sommet sur l'intérieur des terres vers Pilterifjellet, Beassevarri, Cohkolatgaisa ....

Vue vers le Nord du sommet , Svartfjellet au second plan, Store Kågtinden derrière la crête à gauche et le fjord de Kvaenangen

Pas de temps morts, les peaux sont vites enlevées et protégées sous la veste, les skis et chaussures en position descente. Ah j’allais oublier :  je sors mon appareil et immortalise cet instant, ce sommet et ces 2400 m de dénivelée positif de la journée. Je rattrape Ptio, nous descendons à vive allure, et nous sommes surpris alors de croiser une norvégienne partie seule affronter ce sommet en split board et qui apparemment n’est pas là pour faire de la figuration.

Le sommet voisin au Sud du Rissavarri

Le sommet voisin au Nord du Storhaugen, puis l'île de Kvaløya, à gauche les derniers sommets de Lyngen et tout au nord, l'océan Arctique

Avec ce reflet en forme de cœur, quelle belle dédicace de Ptio à Tof

Deuxième surprise, nous voyons débarquer Tof, qui apparaît derrière une rupture de pente, qui lui aussi a continué son effort, et quel effort ! Ses peaux ne tiennent pas et il a fait don de son bandana pour en attacher une derrière la fixation arrière… On croirait voir ”le dahu de Groisy”. Je ne sais si vous saisissez l’image, une bestiole avec son ski droit qui glisse et pour l’autre obligée de lever la patte pour avancer. Costaud le garçon !…. Du coup, il se sent encore motivé pour rejoindre le sommet à plus d’un quart d’heure. Nous ne voulons pas l’arrêter dans son élan, même si le timing initialement prévu n’est plus qu’un souvenir et que Pierre est déjà descendu à la voiture. Ptio et moi décidons de l’attendre face au soleil qui descend doucement, assis sur nos skis, à l’abri. Tof arrive enfin enchaînant les grandes courbes sur ses skis larges, très à l’aise sur cette neige bizarre à skier. Conscient du retard occasionné, nous lui demandons d’aller plus vite que nous à la descente en lui confiant les clés de voiture, et surtout de passer à la droite de notre trace de montée, plus facile si il trouve des traces skiées. Car moi, avec mes allumettes aux pieds, je ne suis pas aussi à l’aise que sur mes skis avec leurs 116 mm au patin.

Malheureusement notre recommandation sur l’itinéraire que Tof doit emprunter n’est pas suffisamment précise. Il s’est enfilé dans une contre pente et un canyon beaucoup trop à droite. Nous lui faisons de grands signes pour qu’il puisse se décaler vers la gauche pour ainsi éviter les quelques petites barres et couloirs repérés à la montée. De plus, se déplacer hors des traces dans une neige restée lourde est quasi impossible. De notre côté, Ptio et moi, nous nous remettons en chemin, et trouvons assez facilement les anciennes traces de l’itinéraire classique et notre descente se déroule sans problème. Une fois arrivés à la voiture, nous apercevons Pierre qui s’impatiente depuis plus de ¾ d’heure. Tof n’est toujours pas là. Nous espérons  qu’il ne lui soit rien arrivé ! Nous patientons quelques longues minutes et le voilà qui débarque !

Malgré le manque de neige sur la côte, l'effet d'un coucher de soleil sur Lyngen reste un instant magique

Un mauvais plan qui se termine bien…

20 minutes plus tard, nous rejoignons notre équipe restée à Olderdalen pour un dernier dîner. Une éclaircie vers 23 heures nous permet d’observer une toute petite aurore boréale pendant quelques minutes, le temps de s‘enrouler sur elle-même puis de disparaître derrière la montagne. Une fin de séjour magnifique…. Demain il faut ranger le lodge, préparer nos bagages et rejoindre Tromsø.

16 courses et balades, 12  journées sur place et plus de 15500 m de dénivelé. Le temps et la neige n’ont pas toujours été au top, mais nous sommes sortis tous les jours, et le plus important à mes yeux, nous avons tous profité d’instants magiques, partagé des émotions très fortes et des us et coutumes locaux. De grands gamins dans une cour d’école !

Cette petite aurore qui aura durer 5 minutes. Il faudra revenir !

CARTOGRAPHIE

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