Storbogtinden

Il est 17 heures, au Skarven Bar à Tromsø. Nous avons mérité un bon chocolat chaud après une sortie sur Rundfjellet au-dessus de Kroken. La visibilité n’a pas été au rendez-vous mais par contre la neige était vraiment agréable, un bonne poudreuse de rêve.
Une idée émerge, celle de ressortir ce soir, le temps étant en train de nettement s’améliorer.

© Photos & illustration : V. Thiebaut

Les couleurs de la passion

Le ciel s’ouvre et une belle luminosité revient sur les sommets au nord de Tromsø. Sur la carte, nous cherchons une pente plein ouest pas trop éloignée et nous décidons de visiter les contreforts de Kjølen par une face non répertoriée sur les topos, depuis Bakkan. Qui est partant ? Ptio, Tof et moi sommes très motivés pour vivre une nouvelle expérience.

Nous nous dirigeons vers Kaldfjord et la fin de la route d’Innelvvegen jusqu’à Bakkan. Une aire de contournement des bus permet le stationnement de quelques voitures. Et une fois n’est pas coutume, la pente qui part au-dessus de nous est beaucoup plus raide et plus accidentée que sur la carte. Il va falloir trouver un passage. Nous nous équipons léger et partons à pied sur un chemin d’été qui longe le fjord jusqu’aux dernières maisons. Une petite trouée se présente dans la forêt.

Mais le peu de neige sur ce versant, contrairement à ce matin, va nous compliquer la tâche. L’influence océanique se caractérise par de telles différences. Quelques conversions raides nous rapprochent peut-être d’une solution. Ne plus conserver l’axe de notre itinéraire mais progresser dans un couloir ouvert sous une ligne électrique, il y a plus de place mais pas beaucoup plus de neige. C’est scabreux, mais ça passe ! Puis, nous trouvons une nouvelle pente plus espacée en forêt où il est aisé de skier.

Nous reprenons alors un rythme plus régulier en nous orientant vers la gauche jusqu’à un premier dôme, Vikkaren. C’est alors une longue balade vers Kjolen, surmonté d’un observatoire. La vue derrière nous est sublime car nous surplombons deux fjords à angle droit, Kaldfjorden et Ersfjorden. Les couleurs du soir colorent à présent la plupart des sommets avoisinants et les eaux plates des fjords sont d’un bleu profond. Le vent qui a chassé les nuages en cette fin d’après-midi a également travaillé la neige, beaucoup plus soufflée et structurée. Nous devons évoluer sur un terrain très vallonné jusqu’à une deuxième grande pente, où est installée une toute petite cabane et ses toilettes. A peine plus grande qu’un arrêt de bus, elle est vraiment fonctionnelle ! Nous la contournons par la droite pour continuer notre périple vers un autre mamelon. Il s’agit du Storbogtinden à 530 m d’altitude. Il est bientôt 20 heures, et le sommet de Kjolen est vraiment trop loin pour l’atteindre aujourd’hui. Sans aucun intérêt, plus de 3 kilomètres par des montagnes russes. Nous décidons d’en rester là…

La nuit commence à tomber et il nous devons retrouver notre passage dans la forêt. Nous profitons d’un coucher de soleil derrière un rideau nuageux et de belles couleurs une fois de plus. Nous ne cherchons pas les complications et descendons à proximité de nos traces de montée. Ptio et Tof, ce “couple illégitime” d’allumés me proposent de les photographier dans une ambiance romantique. Comme quoi tous les prétextes sont bons pour ne pas se prendre trop au sérieux en montagne ! Et lors, conceptualiser une couverture de magazine de “ Rando homo Tromso “ une expérience inoubliable”…

Les clichés sont dans la boite, on peut continuer notre descente et malgré une neige changeante, nous enquillons quelques belles godilles. Nous voici maintenant en forêt sous les derniers rayons de soleil et sans déchausser nous arrivons à nous frayer une petite trace sur les névés. Sous les pylônes, c’est déjà beaucoup moins romantique ou exotique mais si pratique. Encore quelques virages et nous arrivons derrière les premières maisons habitées. C’est gagné ! Le parking est en vue …

8h45 Nous arrivons à la voiture dans la pénombre. Nous n’avons jamais été aussi proches d’une bière vraiment méritée , ¼ heure pour rejoindre le lodge. Un élan nous retarde un peu sur le trajet ! Le groupe nous attend pour passer à table et profiter d’un dîner préparé avec amour par Laurence.
Pas de doute, nous dormirons bien cette nuit.