Col de Bjorntinden

A deux pas de Nusfjord, cette barrière rocheuse d’aspect inaccessible offres des parcours alpins de toute beauté dans des ambiances surprenantes.

© Photos : H. Qualizza – illustration : V. Thiebaut

S’APPUYER SUR UN TOPO, C’EST BIEN
MAIS FAIRE PREUVE DE CRÉATIVITÉ, C’EST PLUS ENRICHISSANT

Ma première visite des Lofoten m’a comblé à plus d’un titre car dès les premières heures sur l’île, j’ai pu me rendre compte qu’il faudrait une certaine dose de créativité pour exploiter les journées, compte tenu du peu de neige et de la grande douceur des températures.

Armé de mes cartes numériques et de quelques infos, je préparais les jours à venir en essayant de décrypter la logique des reliefs, de trouver dans les plis numériques un indice me permettant d’imaginer une combe, un passage et de trouver les pentes les plus enneigées. Le relief dans cette partie Ouest de l’île étant particulièrement torturé, on peut trouver des plans incroyables et de grande qualité à condition de chercher un peu.

Après m’être grillé le fond de l’œil collé à mon écran et avoir fait un bon litre de jus de crâne à trouver des parcours originaux, je commençais à identifier un secteur qui me paraissait prometteur. Même si de nos jours les outils 3D les plus sophistiqués nous permettent de préparer nos itinéraires avec une grande précision, rien ne vaut un coup d’œil sur place et une bonne paire de jumelles pour se rendre compte de la faisabilité.

Je roule donc sur la route glacée quelques kilomètres en direction de l’improbable village de Nusfjord et j’arrive au détour d’un virage, face à une montagne d’aspect monumental, un mur noir recouvert de glace. A son pied une banquette de neige qui se prolonge par un couloir soutenu, donnant accès à un bel entonnoir de neige au pied d’un col. La ligne est magnifique et louvoie entre des montagnes raides, gardant à l’ombre les pans de neige suspendus entre les barres.

J’ai du mal à y croire: je scrute aux jumelles l’improbable itinéraire, je me déplace pour changer d’angle, j’attends une luminosité différente pour voir apparaître des reliefs que j’aurais pu manquer, mais tout laisse à croire que cet itinéraire est non seulement faisable, mais surtout particulièrement accessible en terme de niveau technique.

Enthousiaste et ravi de cette perspective, je ramène au “rørbur”  les photos et le plan que j’imagine pour le lendemain. Le groupe examine les cartes, les photos et s’approprie vite le projet. Demain nous tenterons ce nouvel itinéraire, en espérant que la météo nous laisse une fenêtre suffisante.

Je pourrais bien entendu vous raconter la course, l’émerveillement et la qualité de la neige, mais mon intention ici est surtout de dire qu’il est utile dans ces endroits de passer du temps à scruter les cartes et d’imaginer des itinéraires. Partager aussi le fait que dans ce genre de territoire et notamment dans ce secteur, de nombreuses découvertes restent à faire à quelques pas de la voiture. La Norvège offre encore ce genre de paradis, des petits coins perdus et de grandes aventures.